Triste paysage immobilier

Il n’est pas utile de citer les sources qui se multiplient sur l’état du marché immobilier et d’inspecter les boules de crystal de certains intervenants pour se faire une idée du marasme dans lequel se trouve la profession d’agent immobilier, d’une part, mais aussi tous les acteurs du neuf et de la construction en général.

Dur dur de remettre les pieds sur terre après plus d’une décénie de “Fiesta Immobilière”, le retour à la réalité risque d’être compliqué pour tout le monde, néanmoins il me semble nécessaire.
Nécessaire car la bonhommie de ces dernières années a considérablement fait chuter le niveau général de compétences de la profession par la multiplication d’opportunistes qui ont vu dans l’immobilier une mine d’or.

Ces temps sont révolus, espérons le, et le professionnalisme va enfin faire son grand retour, par professionnalisme, j’entend surtout “implication”… Les ventes à la volée n’ont plus d’avenir, il va falloir s’occuper du client, lui proposer un maximum de services pour prétendre à la sacrosainte commission ou alors passer du côté obscure de la force en optant pour l’intermédiation light des mandataires immobiliers qui engraissent leurs dirigeants à coup de redevances publicitaires.
Je milite depuis longtemps pour l’augmentation des services, de la prise en charge client, de l’implication dans son projet et pour que mes conseillers immobiliers ne perdent jamais de vue que leurs actions sont empreintes d’une mission de la plus haute importance pour leurs interlocuteurs et qu’ils ne doivent jamais banaliser leur tâche.

L’agent immobilier doit reprendre sa place, c’était un notable, il le redeviendra, même si, de plus en plus, le bien immobilier devient un bien de consommation, il doit évoluer, faire valoir son savoir, son expérience, son envie, sa passion…

Je vois, chaque jour, des clients démunis devant la désinformation, le manque de suivi et d’implication de leur référent immobilier lui-même incapable de trouver des solutions à la réalisation de leur projets, oui, car c’est bien d’un projet de vie dont il s’agit.

Je vois, chaque jour, des clients déroutés par le discours que je leur tient, m’apercevant qu’aucun de mes confrères ne leur a expliqué le quart de ce qu’est une commercialisation de bien, des erreurs à ne pas commettre, des pièges à éviter, de ce qu’ils doivent faire pour augmenter leurs chances et même, dans certains cas, des documents qu’ils doivent fournir pour la vente.
Le paysage immobilier est dans un triste état, mais l’agent ne doit pas se retrancher derrière le marché pour masquer son incompétence. On aura toujours besoin d’un toit, pourvu que l’on puisse choisir celui qui nous le rendra accessible.

Je déplore que le négociateur immobilier lambda soit devenu un marchand de liste, taxi et guide touristique à ses heures, sans aucune connaissance mercatique et/ou commerciale, sans une once d’implication et épris du plus grand mépris pour sa noble cause.
La remise en question doit être morale avant d’être technique pour que la cote de l’AI retrouve un niveau digne de ceux qui font de leur métier une réelle vocation.

Arnaud Gutré